Elle s'appelait IrénéeElle était envoûtéePar le charme hidalgoLes castagnettes et le tangoSon souhait le plus ardentDe prendre pour amantUn beau caballeroUn vrai, tout en chair et en osAÏ, aï, Irénée, pourquoi n'es-tu pas néeEn pays latin, plutôt qu'en pleine VendéeAï, Aaï, que dolor, de n'avoir pas le corpsDes andalouses, que l'on jalouse et qu'on adoreC'est pourquoi, pas à pas, elle envia les appâtsQu'elle n'avait pourtant pas, aï, aï, quelle déception!Consumée par sa passionElle tenait toujours bonDansant le flamencoSur son parquet à coup d'sabotsMais un jour, n'y tenant plusElle reprit le dessusEn bateau s'embarquaDirection la Costa brava“Aï, je suis folle de voir tant d'espagnols!”Criait l'hystérique en péninsule ibériqueMais l'allégresse fit place à la détresseQuand dans un bal, elle découvrit l'ampleur du malLes madones endiablées se raillaient d'IrénéeCar tous les espagnols la trouvaient mollassonne!Tel un taureau dans l'arèneFonçant sur tout c'qui bougeIrénée hors d'haleine,Furieuse, finit par y voir rougeSaisissant les éventails,Les cheveux en bataille,Irénée frappait fort,Avec la grâce d'un matador“Mé qué, mé qué, mais quelle mouche l'a piquée!”Bégayaient ainsi les conchitas qu'on tapait“Aï, aï, caramba, mama, quelle corrida!”Bissaient les gars qui, ma foi, n'en revenaient pasD'assister à ceci, tout ça sans sourcillerSe gardant bien d'y mettre le holà, olé!C'est donc en perdant la têteQu'Irénée fit la conquêteDe la populationMais surtout d'un certain RamonQuant au bellâtre, elle eût dit“Oui, tu es le mâle de ma vie”Elle en profita aussiPour avoir le mal du pays“Aï, je voudraisTant revoir ma VendéeAï, mon RamonRamènes-moi z'y, si tu es un homme”Le pauvre gars,Ma foi, n'eût pas le choixAvec IrénéeFranchit donc les PyrénéesEt voilà, qu'en Vendée, l'on se vante, à tout vaD'avoir tous les soirs de la s'maine une corridaChez soi!